Cette année, je me suis donné un objectif : dévoiler la part intime et personnelle de mes bijoux fait main, mes créations.

Je vous ai dévoilé sur les réseaux sociaux, pendant plusieurs semaines, un petit morceau de vie, ceux qui ont fait ce que Laoobijoux est aujourd’hui. Retrouvez- en l’intégralité ici. C’est avec un peu de trac et d’émotion, que je vous propose quelques extraits de cette histoire, notamment celle de la découverte de mon métier et de la création de bijoux… L’histoire de ma rencontre avec les perles.

Ces mots n’attendent aucun retour, c’est le simple partage d’un petit peu de ma réalité.

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Notre première Rencontre. 1990, Noël à Nans Les Pins. J’ai 8 ans. Ce soir nous allons chez Mamie, on va fêter Noël… On va dans l’appartement avec l’escalier dans l’entrée… Je n’aime pas trop cet escalier dans l’entrée, il est froid. Et j’ai peur de tomber. Comme toujours, c’est trop petit pour accueillir tout le monde. Ma tête dépasse à peine de la table, je n’arrive pas à atteindre mon verre… Je déambule entre les jambes, les chaises, sous la table.. Je suis très petite pour mon âge, mais j’ai l’habitude… Il y a du bruit, tout le monde parle fort. Je ne demande rien, je n’ai pas envie de me faire remarquer, alors je cherche des recoins, des occupations… Ma sœur et ma cousine me trouvent trop petite pour jouer avec elles… Alors j’observe le carrelage et le papier peint… Drôles tous ces motifs… Bien sombres aussi…. Ma Mamie m’aperçoit, elle sait que je m’ennuie. Elle part dans sa chambre, me prenant par la main, avec toute sa douceur. Elle ouvre son grand placard en bois brun, et entre les linges qui sentent bon la lavande, elle sort un paquet bien emballé… Un bisou, un merci, je file dans la chambre d’ami… Qu’est-ce que c’est ? Je lis…. Un métier à tisser ? Mais à tisser quoi ? Et puis c’est quoi tisser ? Un drôle d’objet en bois… du fil… et des sachets colorés… j’y regarde de plus près… Quelles couleurs vives ! J’adore… C’est tout petit, comme moi ! … Des perles ! Des perles de Rocaille, je n’ose pas ouvrir, je ne veux pas en perdre une seule… Après tout je suis toute seule, assise en tailleur sur le carrelage. Toute la famille discute autour de la table, personne ne me verra, et ne m’embêtera… D’abord voyons le dessin… C’est fou ! Je comprends tout ! Ça, ce n’est pas de moi … Voyons voire, je passe le fil … dessus, dessous, dessus, dessous… J’ouvre le premier sachet. Le rouge, je ne pourrais jamais l’oublier… Et c’est ainsi qu’ à Noël une passion est née.

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18 Aout 1991. Mon anniversaire. Aujourd’hui c’est mon anniversaire ! J’ai 9 ans. Ma Tatie- Marraine a choisis de m’offrir un livre sur les perles. Elle a bien vu que j’ai adoré le cadeau que Mamie m’a fait! C’est beau, c’est coloré !!! Mais c’est si compliqué… Un peu déçue par mon incapacité, je le laisserais de côté. Quelques semaines plus tard, je surprends ma grande sœur : Elle a mon livre ! Et Mes Perles ! NON ! Je ne veux pas qu’elle les abîmes ! Pour une fois, elle s’en va sans demander son reste… Ouf ! La dispute est évitée, je n’aime pas me bagarrer. Je m’approche de la table… QUOIIII! Elle a fait un crocodile !😱😫 Ahhh ! Non ! Ce n’est pas juste ! Ce n’est pas parce qu’elle a 4 ans, de plus qu’elle a le droit de faire à ma place ! Alors j’ai lu et relu, et re-relu… Jusqu’à faire ma première poupée en perles… Qu’est-ce que j’étais fière ! Je n’avais pas de fil de fer, elle est toute pliée… Alors je l’ai cousue sur un carton. J’ai même rajouté un morceau de laine pour lui faire une corde à sauter. Mon père est arrivé et a regardé d’un air très amusé ce que je faisais : « Tu es ingénieuse ma fille ! Demain, je te ramène quelque chose… »  Le lendemain soir, il arrive avec un câble électrique tout boueux entre les mains. Toujours attablée devant mes perles, je le regarde, sceptique… Il se muni d’un couteau, et coupe la pellicule de plastique… et dévoile le précieux : du fil de cuivre ! De tous petits fils de cuivre ! Et pendant de longs mois, il a passé ses soirées à dénuder les chutes de câble de ses chantiers, pour m’en faire des bobines, et me permettre de continuer d’apprendre à créer et à inventer… Il m’a montré qu’à partir de « riens » on peut faire de tout, et surtout de ne jamais présumer de ses (in) capacités… Merci Tatie, Merci Jennifer et Merci papa, vous avez, chacun à votre manière, contribué à m’épanouir dans ma passion, et je vous en suis tellement reconnaissante.

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Trésors de Brocantes
Si ma maman a toujours été maladroite pour démontrer son amour, il y a une passion qui la portait et qu’elle m’a transmise : chiner dans les brocantes. Chaque dimanche matin, elle disparaissait aux aurores, pour revenir en début d’après-midi chargée de paquets : Vêtements, livres, décorations, elle ramenait toujours plein de choses ! Un jour, en rentrant de sa balade, je l’entends m’appeler… ooo non pitié… Pas encore un tee-shirt Mickey… « Regardes Floflo, je t’ai trouvé une boite pour tes perles ! » Une boite à tiroirs… je n’en avais jamais vu. Plein de casiers et des languettes pour les séparer ! Quelle merveille ! Elle est lourde, elle est en fer ! Certes un peu rouillée, mais après un bon nettoyage, je peux commencer à ranger. Il va falloir la partager… Je n’ai pas envie que ma grande sœur ne me rouspète. 12 Tiroirs pour elle, 12 pour moi. Elle aura le haut et moi le bas. Pendant des mois, j’ai respecté la règle établie. Ré organisant sans cesse mes 12 jolis tiroirs, avec passion, et veillant à toujours respecter la place des perles de Jennifer, je ne veux surtout pas la contrarier… A force de la voire ne pas y toucher, je me suis un jour approché timidemet: « Jenny…. Tu les aimes tes perles ? « Ouf non ! Je m’en fiche ! Tu peux tout garder !! » En l’écrivant je ressens encore la joie immense que j’ai ressenti ! Sans heurt, j’ai pu tout prendre, et tout garder… J’en ait même versé une larme en secret. Cette boite, je l’ai toujours, et J’y range mes perles préférées : Des fleurs colorées et poétiques, celles qui me reconnectent le plus à mon âme d’enfant.

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Un Samedi soir sur la terre… J’avais une dizaine d’années. « Floflo ! Tu viens à la brocante avec moi demain ! « Pourquoi Maman ? « Tu vas m’aider à vendre nos vieillies affaires, et tu pourras t’acheter des perles avec les sous que tu vas te faire. « ahh bon ???!!! « Mais oui, tu vas voire, il y a plein de choses que tu pourrais trouver ! » A l’aube, en arrivant sur place, je restais surprise devant le grand panneau du Jas des Roberts : « C’est quoi : Marché aux puces ??? » Ma mère: « tu sais ? Je t’appel ma Puce ? Et bien , c’est pour te vendre…… » Et ma trouille quand une passante à fait mine de vouloir m’acheter en l’entendant ! Sur l’instant… je ne rigolais pas, mais avec le recul, je vois bien la tendresse de ces mamans ! Elles doivent y penser en souriant. Et c’est ainsi que les rituels du dimanche ont commencé. Chaque semaine j’accompagnais ma mère pour chiner. J’achetais des colliers par dizaines. Quelques centimes de franc à l’époque. Ou même rien du tout en fait …Régulièrement, on me les donnait ! Était-ce mon air de toute petite fille émerveillée, ou le fait que les bricoles que je trouvais étaient selon les gens inutiles et détériorés ? Je ne sais pas ! Quoi qu’il en soit je passais mes dimanches après-midi à démonter, laver, et trier, des milliers de précieux petits objets. J’ai vite appris que d’une chose très ingrate de l’extérieur, je pouvais trouver de pures beautés. Ma collection a commencé à grandir. Et ma mère, quant à elle, a toujours fait des trouvailles d’enfer ! Si dans un tas de colliers emmêlés, je trouvais un pendentif qui me plaisait, elle négociait tout le saladier ! Mes plus beaux livres ? C’est elle qui les a trouvés ! Un matin, elle a même trouvé une valise fermée… Je l’ai vue l’acheter si vite, que je n’ai pas compris ce qu’elle faisait. Elle venait d’acquérir pour quelques francs des perles si rares et précieuses, que je n’osais pas les toucher…. Aujourd’hui, je chine encore, et j’y emmène très souvent mon garçon, et c’est toujours avec une tendre pensée pour ma maman.

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Un dimanche matin sur terre… J’étais comme à l’accoutumée au Jas des Roberts ( Grimaud ). Au milieu des tas de chaussures et de vêtements d’occasion que nous vendions , trônais ma boite à bébêtes en perles comme je les appelais… Crocodiles, salamandres, tortues, poissons, poupées en tout genre, tous en perles de rocaille, attendaient preneur… Je gagnais mes petits sous, faisant de la place dans mes tiroirs, pour mieux créer de nouveaux trésors. Ce jour-là, en fin de matinée, je vis approcher une grande femme, très mince, aux longs cheveux noirs. Elle m’impressionnait. Une démarche sure, le regard droit, dans ses jeans et sa veste en cuir noir. Elle regarde mes créations, commence une conversation avec ma mère… qui me montre du doigt. Elles parlent de moi. Et s’approchent. « Je vais t’acheter toutes ces petites bêtes en perles ! Tu saurais faire des colliers ? Je voudrais des Colliers avec de gros médaillons, disons… 10 pour commencer ! » « 😳 … » (Je l’admets… La répartie n’étais pas mon fort à l’époque ! ) Le midi, racontant cela à mon père, ma mère toute contente : « Tu te rends compte !! C’est C. !! de St Tropez !! » Mon père inquiet : « Oui mais bon, il faut quand même bien surveiller, il ne faut pas que la petite se fasse avoir non plus… Je vais regarder ça de prêt… » Entrepreneur et protecteur qu’il était, il ne m’a pas lâché d’une semelle. Il m’a chapeauté, a fixé le prix, et a été présent pour la « livraison », et tout s’est fabuleusement passé. Pour la première fois, j’ai eu un cahier des charges, et une démarche aussi plastique que technique : Chercher dans mes livres, voire ce qui existait, expérimenter, proposer plusieurs possibilités pour trouver le bon modèle, m’assurer d’avoir une palette de couleurs assez large pour proposer une gamme complète… et passer à la production. Je n’ai aucune idée du temps que j’y ait passé… Mon Seul souvenir est le plaisir immense que j’ai eut à créer toute une collection, aux nombreux dégradés colorés. Ainsi, j’ai réalisé ma première commande de bijoux… Comme ça, sans vraiment comprendre, je n’avais qu’une dizaine d’années, et je vivais encore dans ma bulle à l’époque. C. est la première femme à m’avoir considérée comme créatrice, et en capacité de produire… Elle est une de mes rencontres les plus fugaces, parmi les plus précieuses, et les plus marquantes sans aucun doute. Je ressent une profonde gratitude à son égard. J’ai tenté de la recontacter en vain malheureusement, alors par respect je garde son anonymat. Ceux du Golf de St Tropez sauront sans doute de qui je parle, tant sa personnalité est marquante! Madame, si un jour vous me lisez, permettez-moi de vous saluer et surtout de vous remercier de tout mon cœur pour cette considération que vous m’avez apporté. C’est aussi grâce à vous que le bijou est devenu mon métier.

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Jeune adolescente, mes parents nous ont offert à ma sœur et à moi « le centre aéré à la Citadelle de St Tropez ». Autant dire qu’étant de la classe moyenne du Golf, c’était pour nous un événement ! Le luxe ultime! Au programme : catamaran, bouées, zodiaque, baby-foot et farniente sur la plage. Les deux premiers jours, j’ai fait le tour des activités… Il faut dire que j’avais du mal à m’intégrer entre Chanelle* et ses copines, superbes jeunes filles, aux maillots de grande marque, et aux habitudes si différentes des miennes…. Très vite, je décidais d’emmener avec moi mon petit sac de perles. Je m’installais seule, sur la plage, toujours à fabriquer mes animaux en tous genre … Un jour, une touriste s’approche…. « C’est super joli ce que tu fais !!! Tu les vends combien ??? « Euh… bin…. 4 francs ? « Génial, j’en choisis 5 ! » « …😳 » (Toujours ma répartie légendaire…. ) Peu de répartie, mais de la suite dans les idées… un nouveau commerce était né ! De jour en jour, j’ai décalé ma serviette un peu plus au milieu de la place, je disposais nonchalamment (ou presque) mes créations, et je les vendait aux passants ! Et le plus marrant, mon grand père étant gendarme ( oui oui… un gendarme de St Tropez… Aurais t on pu faire plus cliché ? ) , le jour où j’ai été pour ainsi dire ” contrôlée” la petite fille aux bijoux enfant saint-tropez… j’ai osé le dire….ET Ils mont laissée tranquille, moi la gamine du ” pays” qui fait des perles… ( Et pour une gamine qui n’avait alors jamais rencontré son grand père…. c’était culotté et bien tombé !! 😆) Croyez moi ou pas, je gagnais entre 200 et 400 francs par jour ! J’allais aussitôt les dépenser dans une bijouterie sur le port de St Tropez. On y proposait en arrière-boutique tout un choix de perlerie incroyable. Le rêve pour moi ! Tous ces casiers remplis de perles, je passais des heures à les choisir. J’y étais chaque soir, en attendant que nos parents, qui travaillaient beaucoup, viennent nous chercher, et j’y dépensais tout ce que je pouvais gagner! Les autres filles du centre aéré ont vite eut envie de fabriquer elles aussi des choses en perles, et le soir, elles aussi venaient à la boutique. Accompagnées de leurs parents, qui leur faisaient plaisir tout simplement. Un jour la gérante, gênée, commença à ne plus compter une bonne partie de mes achats, me demandant une somme symbolique: ” Gardes tes sous, et file! ” qu’elle me disait … Je ne comprenais pas son regard, je la remerciais toujours, avec timidité. A l’époque, les adultes, je ne leur parlais pas… Et pour moi l’argent, ne comptais pas. Elle avait vu quelque chose que je n’ai compris que bien plus tard! J’avais rencontré une fée. Une femme qui apporte son soutien sans le dire, celle qui est dans l’empathie de ce que je ne pouvais pas percevoir moi même… Elle fait partie de ces gens qui changent toute une vie… Discrètement, et sincèrement. De tout mon cœur, Merci Madame, et Merci la vie de toutes ces synchronicités… Car imaginez le jour où j’ai fait mon premier marché…. avec ce souvenir en tête… C’est comme si j’y était pré destinée *Chanelle est un prénom véridique.

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Mes Valises ( en cuir) Petite, dans ma chambre, il y a avait une table basse : ma collection de boites à tiroirs grandissant, je les alignais là, devant moi, pour fabriquer en étant bien entourée. Mais en réalité je les baladais de partout ces boites ! Ma mère avait même trouvé une cagette pliable, qui me permettait de les imbriquer sans soucis, et de les déplacer plus en sécurité dans la maison. (Sinon c’était aspirateur !! donc bon !) S’il faisait froid ou gris : j’investissais le salon. Sur la table à manger, avec un ajustement tout bien calculé pour apercevoir la télé. S’il faisait beau et chaud, c’était au jardin que je m’installais. Mon père avait même placé une lampe dans l’amandier, juste au-dessus de la table, pour que je puisse créer aussi longtemps que je le voulais, les soirs d’été. Quand nous allions faire la fête chez les copains, j’emmenais alors un petit sac en cuir avec une sélection de mes perles préférées. Entre apéro et musique festive, je conservais auprès de moi ce petit univers qui me passionnait. J’ai même eu une période où je caricaturais sous forme de poupées en perles, toutes les copines de mes parents. Il y a avait Murielle, Rousse à bouclettes avec ses lunettes et ses vêtements aux couleurs vives, Francine avec sa douceur, sa discrétion, et ses cheveux courts et blonds, Corinne et son humour décapant sous sa chevelure brune … Bref elles y sont toutes passé ou presque, et qu’est-ce que ça nous faisait rigoler ! En grandissant, j’ai toujours gardé cette manie de trimbaler mes perles. On m’appelait docteur Queen, car j’avais cette valise en cuir, et cet air différent. Dès que j’en avais l’opportunité, j’en sortais de quoi continuer mon ouvrage. Mes perles m’ont ainsi rarement quitté,jusqu’à mon entrée en école préparatoire aux écoles d’art à Nice. Sans aucun doute ma plus belle année scolaire. Dans cette école, La Villa Thiole, les professeurs nous considéraient vraiment. Il faut dire que jusque-là, j’ai toujours été moyenne, pour ne pas dire mauvaise en classe. Celle qui « Pourrait, mais qui ne fait pas… » Non pas parce que je n’avais pas envie, ou par bêtise, j’avais juste besoin que l’on m’apporte un peu de considération. On ne peut pas attendre autant d’efforts, de qui que ce soit, sans une touche de bienveillance. Et étant hyper sensible, je souffrais énormément en milieu scolaire, en réalité je souffrais dans ma vie en général. Les réflexions méchantes de mes camarades, la dureté des professeurs et de certains entourages… Je faisais mon bonhomme de chemin car il fallait le faire… Subissant mon quotidien en silence. J’ai découvert le terme bien des années plus tard : j’étais purement et simplement figée, et victime de harcèlement scolaire, entre autres choses. Quelques jours/ semaines après ma rentrée à Nice, Mon professeur principal Martin C. s’est approché de moi… De ses yeux bleus il m’a regardé avec tant de bienveillance, que je n’osais pas soutenir son regard : « Tu sais Florence, si on t’a reçu au concours d’entrée, c’est parce que nous pensons que tu peux nous apporter autant, que ce que l’on a te donner… Exprimes toi, ce que tu as à dire nous intéresse vraiment. » C’est la toute première fois que j’avais l’impression d’avoir un rôle à jouer dans la vie. Pour la première fois, je comptais. Je ne sais pas s’il avait mesuré l’ampleur de ses paroles pour moi. Car à cet instant précis, il a changé ma vie. Je pensais que je venais enfin de mettre un pied dans le monde des adultes. J’ai alors emmené dans le grand couloir de l’école ma Grande Valise en cuir, où je rangeais mes affaires de dessin, peinture et autres mediums, et toujours quelques perles bien évidement ! Je vivais ma plus belle année scolaire… Quelques mois plus tard, en cours d’histoire de l’art, mon téléphone a sonné, c’était mon père. Quand j’ai vu son nom apparaître sur l’écran, mon air a changé. Il ne me téléphonait jamais, c’est moi qui l’appelais. Ma prof a dut le voire, elle m’a lancé avec un regard si doux : « Décroches… vas-y. » Les tables étaient disposées en U. J’étais au centre, face à ma prof qui me regardais de son doux sourire. Assise au milieu de tous les élèves, je sentais au moins 20 regards sur moi, mi bienveillants, mi désapprobateurs … Et là au téléphone, très loin, j’ai entendu sa voix : « Floflo, je dois te dire quelque chose … J’ai un cancer. ». En silence, je me suis levée et je suis sorti de la classe. Je me suis assise dans le couloir, sur ma grande valise en cuir, ma gorge s’est serrée. J’ai juste répondu « ok. » Il m’a dit que tout allait bien se passer. Et on a raccroché. Je suis resté là de longues minutes, assise là… Je ne pouvais plus bouger.

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Au revoir Valise(s)… Pardonnez-moi, ici il n’y aura pas de perles au sens propre du terme. Juste une Perle de vie, comme le dirait la merveilleuse Caroline. Ce chapitre est important pour moi.. C’était la fin de l’année scolaire, et quelle année ! Deux fois, quatre heures par jour, nous suivions des cours renforcés : Croquis, fusain, couleur, photo, histoire de l’art, travail de la terre, philosophie et gravure… J’étais en permanence tiraillée : La vraie vie, douloureuse, et ces découvertes incroyables que la Villa Thiole m’apportait. Tout d’abord les découvertes humaines. Mes professeurs. Il y avait notre prof de philo, qui nous interpellait dans le couloir : « Pour le cours de cet Après-midi ! Pour ceux qui ont envie d’y participer on va au bar du coin ! Je préfère qu’on parle autour d’un café ! » Le prof de croquis qui nous prévenait… « Euh… demain ! On va faire des Croquis au Parc du Château ! Je ne suis pas du matin, j’y serais plutôt pour 10h, prenez à manger, au pire on fait tirer au moment du déjeuner ! » Le prof de nu, Un homme à l’air si malicieux. Les modèles qu’il choisissait étaient d’une beauté !! On voyait qu’il aimait les femmes, les hommes, les corps et qu’il les respectait. Avec lui on tombait en permanence amoureux, une rondeur, une maigreur, une tâche, une cicatrice, tous les corps étaient beaux. Dans son espace de travail, dans une villa niçoise, on savourait l’architecture authentique, les moulures au plafond, les drapés et les natures mortes placés de ci de là, l’endroit était enchanteur. Avec lui, on vivait dans une autre époque. Ma prof de couleur : Chaque matin elle m’interpellait : « Raconte-moi ta tenue aujourd’hui ! » En réalité je me créais des robes de princesse, Chaque jour je m’enroulais de tissus et de dentelles. Je rajoutais par-dessus mes vêtements jupes et jupons dans des matières et couleurs folles. Je jouais avec les drapés, et les matériaux, les épingles à nourrice étaient mes meilleures amies. Mon style vestimentaire hors du commun était aussi mon mode d’expression. C’était d’ailleurs très raccord avec ma valisette en cuir. Cette femme-là, considérais mon excentricité comme faisant partie de moi, elle m’apportait considération et respect, ce dont je manquais cruellement avant elle. Puis il y avait les élèves : J’ai rencontré Jonathan. Mon grand Ami, il m’écoutait vraiment. J’ai rarement vu un homme aussi respectueux. Caroline l’impulsive méditerranéenne, j’adore les caractères bien trempés, et avec elle j’étais protégée ! Et Carine Ma très douce Amie, qui fera comme moi les Beaux-arts de Toulon plus tard… Un jour, tandis que je parlais avec Jonathan, de mon père, de mes inquiétudes, de mon chagrin aussi, une élève m’a interpellé : « Mais il y en a marre ! Avec tes histoires et ton père ! Tu n’as pas honte d’utiliser sa maladie pour te victimiser ! …….. » Je ne pensais pas qu’elle nous écoutait. Je suis restée muette, bouche bée devant une réaction aussi forte et inattendue. Je ne pensais pas heurter sa réalité à ce point. Et la victimisation n’a jamais été mon fort… Le conflit non plus… En fait je crois que je n’ai pas répondu, tant j’étais surprise, choquée et blessée. Le soir-même elle m’a laissé un long message vocal, où elle m’expliquait en long en large et en travers à quel point j’étais une fille indigne : Le cancer, la maladie c’est tabou. Au final, ni moi ni personne n’avons réagis. Nous avons fait « comme ci ». Je n’ai plus parlé de mon père, et encore moins du cancer. __ Le dernier jour d’école est arrivé. Ce jour où nous exposons nos travaux. Une tradition dans les écoles d’art ! Les parents viennent regarder avec fierté les travaux que leur enfant prodige a réalisé. Après une dure année de production acharnée, il est normal d’en récolter quelques lauriers. Evidemment cette journée, je l’évitais. Jusqu’ici mes parents ne venaient pas. Le lycée d’Antibes c’était déjà loin de chez nous! Alors Nice n’en parlons pas… Et avec mes bulletins moyens, j’étais bien contente de leur épargner toute comparaison. Encore faudrait-il que mes travaux soient exposés… Mais ce jour-là, mes parents venaient. Je tournais en rond dans le couloir. Je n’avais pas participé aux affichages, les profs m’en avaient écartée. Les voilà, , je les aperçois dans l’entrée, Mon grand Papa et ma petite Maman. Il était toujours immense, mais je l’ai vu si fragile. Il était tout rond (gonflé par les traitements), il n’avait déjà plus un seul cheveu (la chimiothérapie). Mais comment peut-on changer aussi rapidement ? Dans son regard j’ai vu son épuisement physique, et émotionnel aussi…… J’ai tout de suite compris. On a échangé un regard complice… Je l’ai serré dans mes bras. Ma mère aussi. Monsieur C. s’est approché, puis un autre professeur… Ils ont entouré mes parents, et ils les ont emmenés dans les salles de classe. Ils leur ont montré mon travail. Ils leur ont raconté ce que je faisais, ce que je leur apportais. Ils ont dit qu’ils pouvaient être fiers de moi, et de la personne que je suis. J’étais quelques pas en arrière. Silencieuse et hébétée. Ils pensent réellement ça de moi ? Je me rappelle une impression de flotter dans une autre dimension. Une fois encore je me retrouvais dans ma bulle. Je ne pouvais pas m’approcher. Il y avait une telle distorsion entre ce qu’était ma réalité et ce que je vivais, que je ne pouvais pas vivre ce moment. Mes parents sont repartis comme ils sont venus. J’espérais juste que le trajet retour ne serait pas trop éprouvant dans son état… Je ne savais pas comment remercier mes professeurs de ce qu’ils avaient fait. J’en étais vraiment troublée. Et soudain, comme la première fois, elle est venue de nulle part. Dans un long discours, elle s’est excusée. Elle parlait vite, j’ai eu du mal à comprendre au départ… Elle a reconnu avoir été dure, et qu’à ce moment-là, elle ne me comprenait pas. Que désormais elle comprenait ce que je traversais, et elle se sentait profondément désolée de ce qu’elle m’avait dit. J’ai accueilli son pardon comme ses critiques : avec un merci. Au fond, j’étais vraiment heureuse qu’elle ait pu ainsi cheminer. J’ai pu effacer son message qui m’avait tant fait souffrir, et ma vie a continué. J’ai laissé ma grande valise en Cuir à la Villa Thiole. Celle qui contenait tout mon matériel de travail. Je ne savais pas encore si je continuerais à étudier, et je me suis dit qu’elle servirait sans doute à quelqu’un. C’était aussi un merci, en tous cas le mien. Et puis… il y a des valises dont il faut savoir se séparer. Je tenais à écrire ce texte pour remercier du fond de mon cœur tous les professeurs de l’école de Nice. Vous avez été un tournant dans ma vie, d’un soutien sans limites. Je crois même que vous l’avez fait sans le savoir. Grâce à vous j’ai découvert comment se vivent l’écoute, la bienveillance, l’entraide, et le soutien… et tout ceci sans jamais le dire.

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2004, C’est ma deuxième année aux beaux-arts de Toulon. Ma boite à tiroirs remplie de perles est toujours là, sur mon bureau. Je vis dans mon premier appartement. Je poursuis mes études artistiques avec engouement. Je suis triste aussi, Il y a quelques mois, j’ai enterré mon papa. En plus des cours, le midi et le soir, je travaille à Mc Donald. Je suis la seule de ma promotion qui fait cela. Il faut bien payer les factures… Il n’y a pas de sous métier! C’est mon père qui le disait! Alors je travaille avec ardeur, je n’ai pas le choix. C’est comme ça. Heureusement la directrice et les managers le voient, et ils me permettent de monter rapidement les échelons. Et en quelques mois, me voilà hôtesse d’accueil, jolie chemise rose, pantalon noir, sans doute le plus envié des uniformes dans l’équipe ! Au travail, mon sourire et mon caractère à la fois fort et avenant sont ma force, les enfants, mon refuge. En cours, c’est mon hyper productivité qui me sauve, j’ai besoin de m’exprimer, et cela se voit ! Je dois être forte, adulte et digne, mes oncles me l’ont dit à l’enterrement… Donc j’écoute, et j’avance… à corps perdu. Je veux réussir mon diplôme. Peu importe ce qu’il se passe, je ne dois pas m’arrêter, il faut avancer. Ce n’est pas le moment de s’appesantir. Et en fait c’est quoi s’appesantir ? Inutile… Il faut avancer. Noyée dans le travail et mes activités, je ne m’alimentais plus ou presque depuis longtemps déjà . Trois feuilles de salade par jour, et une madeleine, c’est bien suffisant ! Du haut de mon 1m55 pour 36kg, je me demande encore, en recroisant des photos, comment je faisais pour tenir le coup… Un soir, derrière mon comptoir à Mc Donald, un homme s’approche. Il est très tard, le restaurant est vide. Je me souviens de sa veste claire, de sa barbe fournie sur son teint mat, de la sagesse de ses rides et surtout de la douceur de son regard. Sa commande passée, il me regarde dans les yeux. Cela n’a duré que quelques secondes, mais cela m’a semblé des minutes… « Mademoiselle, Permettez-moi de vous dire… Votre sourire diminue de jour en jour, prenez soin de vous s’il vous plait… » Comme à cet instant en l’écrivant, ma gorge s’est serrée comme jamais… Je croyais ne l’avoir jamais rencontré, et il est la première personne à s’être soucié de moi depuis que mon père n’est plus là… Mon service fini, je suis rentrée chez moi, fatiguée, et démunie aussi. Mes yeux se posent sur ma boite à tiroirs… Tu es encore là toi ? J’ouvre un tiroir… mes rocailles, lumineuses et colorées. Je décide de monter un poisson en perles… je savoure la douceur du verre sous mes doigts. Les schémas de mes créations sont infaillibles, eux. Ils ne changent pas, ils sont toujours là, et ils ne me trahiront pas. Une, puis deux, puis trois bébêtes… Les heures passent… Ça me fait un bien fou. Je me reconnecte avec mes perles. Je me reconnecte avec mon enfant intérieur. … Je lève la tête… 3 h du matin. Ca va être dur les cours et le boulot demain … et puis… c’est inutile ce que je suis en train de fabriquer… Qu’est-ce que je vais bien pouvoir en faire ? … Une bébête plus tard… « Et si je les vendais sur ebay ? N’est-ce pas le marché aux puces du net après tout ?! » … Une bestiole plus loin … « Je les vendrais par 3, au moins ça donnera un peu de valeur à l’achat… » … Et ce soir-là je ne dormis pas… Une photo un peu floue, une annonce… deux euros pour commencer, ça ira bien… Et puis au moins comme ça, personne ne pourra dire que ça ne sert à rien mes petites perles, cela va me permettre d’arrondir mes fins de mois. Et c’est ainsi que j’ai vendu mes créations sur internet, pour la première fois.🌱 Lien vers mon ancienne boutique ebay : https://www.ebay.fr/fdbk/feedback_profile/arttikou… 

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La Fille Aux Bijoux   2005-2006. Les Semaines passent, et petit à petit, parallèlement à mes études, et à mon travail à Mc Donald,  je mets en place mon petit commerce sur ebay. De petits animaux décoratifs que je vends par lots à quelques euros, je me mets à créer des bagues, d’abord en perles de verre classique, puis en cristal… Sans m’en rendre compte, je me fascine pour le cristal de Swarovski, juste avant la « vague » du loisir  créatif tiré de la même matière. Je suis juste assez en avance pour commencer à vivoter de mon art, ou tout du moins commencer à avoir des fidèles clientes, développer des liens et créer des bijoux sur mesure. Je découvre le calibrage des perles, la rigueur des assemblages, l’organisation des envois…  Je peaufine mes techniques et encaisse les premières critiques. Jusqu’alors très peu de mes amis savent que je me voue à ma passion en secret. C’est mon monde à moi. Quand à mes proches… Mon père n’est plus là, alors cela n’intéresse que moi. En cours, je me penche sur mon projet pour passer mon diplôme. Tout se passe bien, j’adore mes profs et mes collègues de promotion, j’apprends beaucoup, et surtout je suis productive, encore et toujours. Je cerne l’intimité de mes travaux, et peu à peu je pose des mots sur les maux, que je traduis dans mes productions. Les Orphelines, Bartelby et son « Je préfèrerais ne pas », accumulations tortueuses et torturées, je commence à travailler sur l’histoire et la mémoire… Et tout naturellement cela s’est ressenti aussi, dans mes bijoux. Je commence à créer des colliers porteurs d’histoires… Continuant mes collections, découvrant sans cesse de nouvelles matières, mes bijoux se transforment… Un oiseau en verre, prêt de son arbre ancien, raconte une histoire Bucolique… Au travers de mes perles,  je voyage en Egypte, assemblant  des scarabées de toutes tailles,  formes et origines. Au travers de mes trouvailles, Je voyage au Tibet et au Népal, et découvre le Kashmiri, je découvre  la Porcelaine chinoise, je trouve des trésors berbères, et des merveilles de dentelles Françaises… Continuant de chiner dès que possible, je pose des questions, et me montre très curieuse. J’établis mes petites tournées de brocantes, et passe le message : «  Je suis la fille qui cherche des bijoux originaux !! Vous auriez des trucs un peu hors du commun ? … Ça vient d’où ? … Comment est-il venu à vous ?  … » J’adorais ça. Je regardais chaque pièce avec un œil nouveau, j’étais (et je suis encore !) chaque jour nouvellement émerveillée. Mon style vestimentaire lui aussi, ne passait pas inaperçu. Et peu à peu, sans se passer le mot, Dans les puces et brocantes, les gens m’interpelaient de la même manière : «  eehhh !! La fille aux bijoux !! Viens voire… J’ai trouvé ça pour toi ! »

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Au détour d’un marché. Les mois passent, j’ai mon diplôme en poche, et fini Mc Do! Je monte en grade, je suis Serveuse! Et fière de l’être ! Restaurants, pizzeria, bar à vin… J’accumule les expériences, et avec un certain succès ! Fini la petite fille timide et réservée. J’apprends l’échange et le contact, je m’amuse. Il faut dire que le service, c’est mener la danse! Je vis dans un tout petit Studio au Mourillon à Toulon (18m carrés !), C’est d’ailleurs davantage un atelier qu’un logement… Je me lance dans des créations totalement excentriques. Je mêle tissus, perles, poupées et objets, à des compositions parfois improbables… qui remportent un incroyable succès sur ebay! En fait, tout ce qui m’importe : c’est de m’amuser! Je pense souvent à cette phrase, de Ben: ” Tout ce qui est beau Choque ou a Choqué.” Alors j’ose tout, et je dépasse toutes les limites de ma créativité. J’habite juste au-dessus de la place du marché. Il a lieux chaque matin. En plus de profiter du bruit du ballet des camions aux aurores,(😶) je pouvais acheter mes fruits et légumes frais … Ce quartier est si vivant ! J’en adorais l’ambiance! J’achetais même des bijoux made in China à 5€, que je démontais pour récupérer les perles et apprêts (système D quand tu nous tiens !). Un matin, au détour d’un stand, j’aperçois de magnifiques poupées en feutrine… Petites fées et lutins au milieu de cœurs et de nuages flottaient là. Des Mobiles pour enfants, des baguettes de fées, des décorations… Une douceur et une poésie qui contrastaient tellement avec les stands environnants. Quelle joie quand je découvre les petits cœurs vendus à l’unité… La vendeuse, bien que toute de noir vêtu est si Lumineuse. Un regard clair et pétillant, un sourire communicatif. Elle est belle et généreuse de cœur, cela se voit, cela se sent. Je comprends qu’elle créer elle-même ces merveilles. Et je repars inspirée, quelques cœurs dans les mains, et surtout plein d’étoiles en dedans du mien. Une semaine s’est passée. J’espère que la créatrice aux lutins sera là ! J’ai vraiment envie de lui montrer ce que ses cœurs m’ont inspiré. Toute contente, je retrouve Soizic dans une allée. Je lui montre les photos de mon collier. Après un bref regard, où apparaît une étincelle, elle me dit : « Tous les ans à Toulon, il y a un salon pour les créatrices féminines, qui font cela en loisir… Cela s’appelle Mains de Femmes. Tu devrais y aller ! ». Et bien évidement… Le message est passé ! C’est ainsi que grâce à elle, seulement quelques semaines après, j’ai exposé pour la première fois mes bijoux « en vrai » . Quelle expérience incroyable. Je ne pourrais jamais l’oublier. 🌟 Je ne le dirais jamais assez : un regard bienveillant, un mot gentil, un encouragement, peu mener celui ou celle à qui vous l’adressez à un véritable rêve. Pensez-y dans chacune de vos rencontres, car moi, sans tous ces « petits bonheurs » comme je les appels, je n’aurais jamais pu faire de ma passion mon métier… C’est une gratitude infinie que j’ai envers la vie grâce à toutes ces personnes qui m’ont ainsi accompagnée sur mon chemin de vie.

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Laoo. Je finis mon dernier job de serveuse en beauté, à Toulon, toujours au Mourillon, avec  de supers patrons et des collègues géniaux. C’est parti, pour le changement de vie ! Avec mon chéri on part à Montpellier ! Et en plus comme c’est un super négociateur de contrat, dans notre super futur appart j’aurais une pièce pour MON atelier. Et je vais certainement me trouver un super travail là-bas. Le rêve en perspective! Finalement, nous y sommes restés quoi… 2 mois ? Son contrat est annulé, nous sommes revenus sur nos pas… Décidément l’aire toulonnaise nous est destinée… Et moi dans tout ça ? Direction Pôle emploi : «  Je lis ici que n’ai aucuns droits… Comment ça ? Le chômage tout ça ? Ahh non ?? et cette aide là …  trop vieille ?! C’est possible à 26 ans d’être trop veille, tout en travaillant à temps complet depuis 5 ans ?  Un truc le temps de rebondir ?… Non plus ??! Mais voyez tous ces contrats, ces cotisations… ahhh… Ça ne marche pas comme ça… ok Madame, Au revoir Madame… A dans ?….  6 mois ? D’accord… » Et me voilà en larmes sur le canapé… Et mon cher et tendre, désarmé… « Je vais faire quoi de ma vie avec mon diplôme artistique qui ne veut rien dire, et puis serveuse, la nuit tout ça… marre quoi … » Et  entre deux pleurs, j’entends encore sa voix : «  Mais mon ange… et si tu créais ton entreprise avec tes bijoux ? Là, tu les vends comme ça… mais regarde ta boutique ebay, c’est super pro, tu y travaille dur ! Fais ton site ! Essaie de faire des marchés ! Rappel toi Les Mains de Femme, vois comment cela s’est passé… «  ah bon tu crois ? En fait …Je n’y avais jamais pensé… » Quelques mois plus tard, le temps de me renseigner et de me former,  je signais mon immatriculation à la chambre des métiers… Heureuse de rentrer dans le cercle de l’artisanat… comme mon Papa. C’est aussi à ce moment-là que mon logo est né, griffonné un matin au stylo bille,  il m’est apparu en rêve, comme une évidence. Mêlant les initiales de mon surnom, et faisant homage à mon papa là-haut… La Marque LaoOBijoux est née, ou autrement dit, la Fille aux bijoux. Copie 2 de Copie de FEMME Copie